Une voie de développement personnel
Pratiquer les Arts Martiaux, ce n’est pas uniquement apprendre à donner des coups de poings ou de pieds. Les pratiques martiales traditionnelles sont aussi un moyen de transmettre des valeurs. Le Kung fu Binh Dinh et le Yi quan ne font pas exception. Voici les valeurs que nous nous efforçons de véhiculer dans notre école.
Courage (yŏng en chinois, yu en japonais)
Sans doute la première qualité qui vous permettra de franchir la porte d’un dojo ou d’un wuguan. Il faut oser, sortir de sa zone de confort en venant se confronter à l’autre mais aussi à une autre culture. Certains disent qu’il faut aimer souffrir. Car l’entrainement est souvent « physique », il y a du cardio, du contact et parfois des bleus. Le courage se traduit à l’entrainement par la ténacité et la persévérance. Ne rien lâcher, ne pas baisser les bras face à l’adversaire mais aussi pour réaliser un mouvement ou un enchaînement technique complexe. Que ce soit dans la technique ou dans le combat, le courage s’entraine. Et ce que vous développerez dans notre école vous servira à faire face aux difficultés de la vie courante. Dans l’ancien temps, on disait que « chaque goutte de sueur versée à l’entrainement, c’est une goutte de sang perdue en moins sur le champ de bataille »
Politesse / Respect (lĭ en chinois, rei en japonais)
C’est la plus fondamentale des valeurs de notre Ecole. Sans respect mutuel on ne peut rien bâtir. On se doit de respecter son professeur et les maîtres tout d’abord. Sans pour autant se montrer révérencieux, il faut garder en tête qu’un enseignant n’est pas un « copain », ce n’est pas non plus un simple coach sportif, même si avec le temps, il peut devenir un ami. Il n’enseigne pas que des gestes techniques. Par son attitude et son exemplarité, l’enseignant guide et diffuse des valeurs. Il est donc primordial qu’il se montre lui-même respectueux envers ses élèves. Dans notre école les professeurs ne se font pas appeler « maître », mais par leur prénom (ce qui n’empêche pas le respect). Etre maître n’est pas un titre qui serait la garantie d’un « niveau ». Dans la culture chinoise, cette appelation ne vaut que pour celui ou celle qui est réellement son « disciple ». On dit qu’« une mère vaut 10 pères et qu’un maître vaut 10 mères ». C’est dire le respect qu’inspire la figure de l’enseignant. Le respect se manifeste ensuite naturellement dans la politesse entre les élèves. La première marque et la plus visible est un salut empreint de symbolisme. On salut quand on rentre sur le tatami. On salut son partenaire quand on commence à travailler avec lui/elle, quand on a fini. On salut le professeur en début et en fin de cours. Le salut est dans tous les cas un moment important auquel il faut être présent. Et ceci est valable pour tous: professeurs, élèves gradés ou débutants.
Rigueur / droiture (yì en chinois, gi en japonais)
Véritable pilier du Bushido japonais, ce principe se retrouve partout. Les japonais traduisent le terme « gi » par « faire bien les choses». Concrètement, c’est mettre une grande application dans tout ce qu’on réalise, à commencer par l’entrainement mais aussi dans la vie de tous les jours. La rigueur dans l’entrainement est la garantie d’atteindre ses objectifs, sans tomber toutefois dans le rigorisme. [NB : On peut faire les choses sérieusement sans pour autant se prendre trop au sérieux]. Faire les exercices avec application et en conscience permet une bonne progression. A l’inverse venez à l’entrainement et pratiquez avec désinvolture et vous ne ferez qu’effleurer la pratique sans jamais la comprendre (ce qui se solde presque toujours par un arrêt au bout de quelques mois voire années). Dans un monde de l’immédiateté où tout doit aller vite, il devient important de prendre le temps et de bien faire les choses pour pouvoir mieux les savourer. Mais le « gi » comprend également une dimension morale. Il permet de prendre des décisions justes dictées par la raison, de ne pas hésiter et de ne jamais s’écarter de la ligne du devoir. C’est par exemple avoir à cœur de faire le bien autour de soi et se comporter avec droiture. Elle introduit la valeur suivante.
Bienveillance (rén en chinois, jin en japonais)
Dès lors que vous franchissez la porte de notre Ecole, elle doit guider chacun de vos actes. La bienveillance c’est aider les autres dans leur pratique, en particulier les débutants. C’est un principe fondamental sans lequel nulle progression n’est possible. 60% de l’entrainement se fait à deux. Il est donc important dans l’entrainement d’être un « bon partenaire » pour aider les autres à progresser. Cela veut dire se prêter au jeu, utiliser sa force à bon escient lorsqu’on est un gradé, parfois laisser faire le débutant pour qu’il parvienne à passer sa technique sans pour autant la faire à sa place, mais aussi ne pas se moquer ou se réjouir de la douleur ou de l’échec de l’autre. Et il va sans dire qu’aucune discrimination de genre, d’origine ethnique, d’orientation sexuelle ou d’âge n’est tolérée au sein de notre école.
Loyauté (忠義, zhōngyì en chinois, chugi en japonais)
Dans les bons comme dans les mauvais moments élèves et professeurs des différents clubs de la région bordelaise, de Pau, d’Angers ou de Toulouse se soutiennent car nous faisons tous partie de la même Ecole. Certains diront même d’une même « famille ». Une petite école issue d’un style familial dont les origines se sont perdues, patrimoine culturel transmis oralement, amené à disparaitre si nous ne le transmettons pas à notre tour. Il est donc important de veiller à la cohésion de l’école et son développement. La loyauté se traduit non seulement par le soutien que les membres des différents clubs s’apportent par exemple lors d’événements comme les compétitions. Mais c’est également la solidarité qui s’exprime entre club dans les moments de crises et les coups durs. On peut être fidèle à l’Ecole Binh Dinh, pour autant il n’est pas interdit d’aller pratiquer ailleurs ponctuellement. Même s’il est mal vu dans la culture chinoise d’aller apprendre auprès d’un autre maître de la même discipline, il peut être intéressant de croiser les méthodes et les points de vue sur la pratique pour comprendre certains principes. Ce comportement était même encouragé par Maître Tran. « Pratiquez d’autres disciplines, tirez-en le meilleur, et servez vous-en pour enrichir votre Binh Dinh ». Au final, on revient toujours au Kung-fu Binh Dinh.
Tempérance (jiézhì en chinois, sessei en japonais)
Quand on franchit la porte d’une école d’arts martiaux, il faut mettre son égo de côté. Pratiquer les arts martiaux peut vouloir dire prendre des coups. Cela fait partie du « jeu ». Si on garde en tête le principe de bienveillance et qu’on l’applique à soi-même, alors on sait qu’il n’y a aucune mauvaise intention de la part de son partenaire et si ses coups peuvent parfois manquer de contrôle, on garde le sien sur ses émotions. « La colère est mauvaise conseillère » dit on. C’est particulièrement vrai dans les arts martiaux. Le contrôle des émotions vient avec l’entrainement et l’assurance que le pratiquant prendra dans le combat et la pratique en général. On parvient à mettre de côté la frustration et à garder la tête froide. Frustration de n’avoir pas réussi un enchaînement pourtant répété des dizaines de fois, frustration de n’avoir pas vu un coup arriver et de ne pas l’avoir correctement bloqué, …etc.. La progression passe par l’acceptation de l’échec et la gestion des émotions négatives qui en découlent. De plus, dès lors que le cours commence on essaye de laisser de côté souci ou mauvaise humeur. Facile à dire bien sûr. Mais la réalité de l’entrainement (et parfois du combat) doit prendre le pas sur tout le reste. On ne vient pas à l’entrainement pour se « défouler » sur les autres.